Lombricompostage maison : suivez le guide !

Compost de fruits et légumes

Qu’est-ce que le lombricompostage ?

Le lombricompostage consiste à élever des vers qui vont transformer la matière organique des déchets alimentaires en humus très fertile, par un principe d’humusation (on emploie parfois aussi le terme d’humification, qui est un terme anglais).

Pour un foyer, le lombricompostage permet de :

  • Recycler les déchets alimentaires (épluchures par exemple)
  • Réduire le volume des déchets et tous les coûts liés (collecte, transport, incinération…)
  • Éviter les nuisances liées aux déchets alimentaires dans la poubelle (odeurs, moucherons, moisi)
  • Produire un compost de très grande qualité, gratuitement

Il est intéressant de noter que les biodéchets (alimentaires) sont riches en eau (50% à 80%). Leur incinération est donc peu rentable : il faut dépenser de l’énergie pour « sécher » la matière avant qu’elle ne soit brûlée, contrairement à du papier par exemple. Écologiquement, c’est donc pertinent d’en faire du compost, et ce n’est pas pour rien que certaines mairies donnent ou prêtent des composteurs aux habitants.

Lombricomposter évite aussi la production de compost et d’engrais obtenus par la chimie ou par le prélèvement de ressources non renouvelables (potasse, phosphore).

Qui peut lombricomposter ?

Il est possible de composter en appartement, en maison, ou dans des châlets de compostage présents dans certaines communes. Ici, je m’intéresse surtout au lombricompostage en appartement ou maison.

Comment fonctionne le lombricompostage ?

Tout se passe dans un lombricomposteur, une sorte d’hôtels à vers dans lesquels ils seront logés et nourris, et dans lequel on récoltera les deux produits de l’humusation : le « thé de compost » et le compost lui-même.

Le lombricomposteur se compose en général de :

  • Un toit qui forme le couvercle
  • Trois étages dans lesquels les vers peuvent circuler grâce à des trous. Ce sont en général des plateaux en plastiques mais ils peuvent aussi être en bois
  • Un bac de récupération au fond

Les étages sont des plateaux qui s’encastrent les uns dans les autres. Dans les composteurs « fait maison », il faut d’ailleurs particulièrement veiller à la bonne circulation des vers entre les étages : c’est un point crucial du bon fonctionnement du lombricomposteur.

On peut trouver aussi des accessoires : tapis d’humidification, robinet pour récupérer le thé de compost, système anti-noyade pour les vers avec une grille fine ou une rampe…

Pour le choix et l’achat d’un lombricomposteur,  je vous invite à suivre ma page dédiée « Quel lombricomposteur choisir » qui vous aidera à choisir et commander le modèle qui vous convient.

Comment utiliser le lombricomposteur ?

Démarrer son lombricomposteur

Après l’achat et l’installation de la première population, il faut démarrer les choses doucement. Les vers doivent s’habituer à leur nouvel environnement, les bactéries doivent apparaître, la chimie faire son rôle et équilibrer le milieu. C’est un petit écosystème dans lequel des équilibres doivent se créer.

Au début, tout s’installe dans le bac du haut ! Les autres bacs sont donc vides, c’est normal.

Les lombricomposteurs du commerce sont livrés avec une litière faite de fibre de coco, que vous devrez humidifier et bien aérer. Vous pouvez aussi la mélanger au substrat dans lequel vous avez reçu vos vers (d’un autre lombricomposteur ou achetés dans le commerce). Si vous n’avez pas de litière de coco, vous pouvez très bien démarrer votre compostage avec des lanières de papier journal, de carton ondulé, des boîtes d’œufs, des feuilles en décomposition, de la paille, de la fibre de coco ou des copeaux de bois (bois indigène non traité), éventuellement un peu de sable.

Pour conserver l’humidité, vous devrez placer un tapis d’humidification sur le premier étage. Il laisse passer l’air mais conserve l’humidité. En général livré avec les lombricomposteurs du commerce, vous pouvez néanmoins en fabriquez un avec un simple torchon ou vieux t-shirt.

Quand mettre les premiers déchets ? Attendez une semaine et commencez avec des petits morceaux, un jour sur trois, puis un jour sur deux. Au bout de deux semaines, vous pouvez passer en rythme de croisière. Au début, enterrez vos déchets sous le compost pour simplifier le travail des vers.

Au début, la population est faible, mais lorsqu’elle a de la place et reçoit de la nourriture régulièrement, elle doublera en 2 mois.

Le lombricomposteur en rythme de croisière

En rythme de croisière, le lombricomposteur suit un cycle infini.

Il faut :

  • verser les déchets dans le bac du haut. Vous pouvez mettre presque tous les déchets alimentaires avec les restrictions que j’expose un peu plus bas, et devez faire un ajout de cellulose avec du carton pour environ un tiers du volume total (donc environ 2/3 déchets alimentaires + 1/3 carton ou 3/4 alimentaire + 1/4 carton)
  • lorsque le bac du haut est plein de déchets ou lorsque le bac du bas est plein, c’est l’heure de la rotation !
    • Sortez le bac du bas et placez-le tout en haut. Avant de récupérer le terreau, laissez-le un peu à l’air libre : c’est l’occasion aux retardataires de fuir à l’étage inférieur (mais en général, n’ayant plus à manger, ils ont déjà migré… après tout, cet étage est l’équivalent de leur fosse septique !).
    • Une fois le terreau récolté, ce bac vide devient le nouveau bac qui recevra les déchets. Vous pouvez immédiatement ajouter vos premiers déchets ici. Le précédent bac « du haut » est devenu le bac du milieu, et ainsi de suite. Les vers trouveront leur chemin : ils iront progressivement chercher les nouveaux déchets en haut grâce aux trous qui leur permettent de circuler entre les étages.

Aparté : le lombricomposteur horizontal

Il existe également des lombricomposteurs horizontaux. Comme vous vous en doutez, les vers ne circulent pas entre les étages mais de droite à gauche. C’est plus pratique à fabriquer si on le fait soi-même, mais un peu moins pratique au quotidien car on régule moins bien les zones.

Que mettre dans le lombricomposteur ?

Bac à compost horizontal de jardin
Bac à compost horizontal de jardin

Que mettre dans votre compost ?

Vous pouvez mettre dans votre lombricomposteur :

  • épluchures de fruits et légumes, trognons, peaux de banane
  • féculents cuits (riz, pâtes)
  • peaux de melon, d’avocat, de pastèque (chair à enlever au maximum)
  • marc de café (pour lequel vous aurez peut-être d’autres usages)
  • thé
  • coquilles d’œuf finement broyée, une ou deux par plateau seulement
  • végétaux : tonte, feuilles, fleurs… essayez de les hacher ou de les découper finement (mais au pire, cela reviendra dans votre bac du bas, ce n’est pas si grave). Attention : les tontes ont tendance à chauffer en se décomposant. Cela n’a l’air de rien, mais dans un espace confiné avec des vers sensibles aux différences de température, cela peut leur être nuisible. Donnez vos tontes en petite quantité seulement.
  • cartons et papiers (hors papier glacé et imprimés, dont les composants chimiques seraient dangereux pour les vers)

Vous ne devez pas mettre :

  • agrumes (oranges, clémentines…) qui mettent trop de temps à se décomposer et son trop acides
  • ail, oignon, échalote (qui sont des vermifuges, attention aussi avec le poireau qui a moins de composants ailacés mais peut ne pas convenir)
  • protéines animales : viandes, poissons, oeuf
  • matières grasses (huile, fromage, beurre)
  • pain
  • matières non dégradables : plastiques, canettes… ce n’est pas une poubelle de recyclage ! Pas de sachets plastique « nouvelle génération » recyclables en farine de riz ou autres. Pour eux : direction poubelle !
  • végétaux longs à dégrader : coquilles de noix, branches…

Intéressant : vous pouvez aussi leur donner des végétaux endommagés par des attaques de microbes et parasites. Cette diversification alimentaire profitera aux vers !

Respecter ces consignes sera utile pour la santé des vers, la qualité du compost mais aussi pour éviter d’avoir des moucherons ou des odeurs !

Attention à la fermentation

Ce paragraphe est un peu technique ! On cherche une décomposition aérobie, avec des l’air. S’il n’y a pas assez d’air, on rentre dans l’anaérobie, c’est à dire une fermentation, la production d’alcool, les mouches, les odeurs… Pire : s’il y a fermentation, les vers tenteront de s’échapper !

Pour cela, évitez les tontes qui feront augmenter la température, et d’avoir un substrat trop liquide, pas assez aéré.

Quels sont les produits du lombricompostage ?

Le compost

Le premier produit est le compost lui-même que vous récolterez dans le bas du bas.

Le compost est, comme vous vous en doutez, le produit de la digestion des vers. C’est de l’excrément de vers, et c’est un excellent engrais ! Le processus s’appelle bioturbation : le transport d’éléments nutritifs d’un milieu (les déchets) vers un autre (le terreau) par des espèces animales (les vers).

C’est une terre noire noire, 100% fait maison, qui fera le bonheur de vos plantes. Sa richesse dépendra de celle de vos apports ! Il est prêt lorsqu’il est très noir et granuleux.  Pour le récolter, remontez le premier étage et laissez-le à la lumière. Les éventuels vers qui s’y trouvaient encore fuiront vers le bas.

Puisqu’il est produit à base de matières alimentaires, ce compost contient davantage de nutriments qu’un engrais de synthèse. Cela contribue à l’enrichissement des sols et évite l’épuisement.

Le thé de compost (jus de compost)

Le thé de compost est en engrais hyper puissant, un véritable or noir concentré. C’est un liquide que vous pouvez stocker dans une bouteille, qui se conserve jusqu’à trois mois. Attention avant de le verser sur vos plantes : il est hyper concentré ! Il faut le diluer 10 fois pour pouvoir l’utiliser. C’est à dire qu’avec 10 cl par jour, vous récolterez 1,1 litre d’eau d’arrosage boostée.

Les vers

Eh oui, on peut considérer qu’ils sont aussi un produit du lombricompostage ! Les vers se reproduisent et autorégulent leur population en fonction de l’espace. Vous pouvez donc prélever quelques vers pour le jardin ou diviser votre population pour donner à un autre propriétaire de lombricomposteur qui n’aura pas à acheter des vers.

Questions et bonnes pratiques

Où placer le lombricomposteur ? À quelle température le conserver ?

Même si les vers craignent la lumière et préfèrent l’obscurité, vous n’avez pas besoin de le placer à l’obscurité. La structure du lombricomposteur leur donne de quoi se cacher de la lumière.

En revanche, les vers sont sensibles à la différence de température.

  • Au-dessus de 35 degrés : mort
  • Entre 25 et 35 degrés : activité ralentie
  • Entre 14 et 25 degrés : bonne santé, reproduction
  • Entre 6 et 14 degrés : activité ralentie
  • Entre 0 et 6 degrés : hibernation
  • Sous 0 degrés : mort

Vous pouvez donc le placer dans une cuisine (c’est pratique pour jeter les déchets) mais plutôt à l’ombre. Dans un placard c’est bien pour éviter que le soleil tape directement, mais ce n’est pas en général très bien ventilé. C’est aussi une bonne idée de le placer dans un endroit où il n’y a pas trop de passage : les vibrations ont tendance à effrayer les locataires du lombricomposteur.

Un lombricomposteur bien géré ne dégage pas d’odeurs.

Puis-je avoir un lombricomposteur en appartement ?

Oui, c’est un moyen efficace de recycler ses déchets et de produire du compost. Trouvez quand même un débouché au compost : jardin partagé, proches avec un jardin….car vos plantes vertes d’appartement ne suffiront pas à absorber tout le volume !

Va-t-on avoir des mouches, des moucherons ?

Les moucherons arrivent lorsque le pH est trop acide. Si vous respectez les consignes et nourrissez vos vers convenablement, vous n’avez pas ce problème. Les coquilles d’œuf aident à rendre le milieu plus basique. Ce n’est pas un problème fréquent.

Où trouver des vers de compostage ?

J’ai rassemblé toutes les informations sur les vers et lombrics de compost sur une page dédiée : vers et lombrics de compost.

Les vers vont-ils s’échapper ?

Personnes anthelmophobes (phobiques des vers de terre et des limaces), rassurez-vous : les vers sont très bien où ils sont, et ils n’ont aucun intérêt à s’échapper. Ils craignent la lumière et leur premier réflexe est de chercher une zone sombre.

Imaginez : vous êtes dans un hôtel climatisé où vous êtes nourri, logé blanchi, au beau milieu d’un désert. Avez-vous vraiment envie de sortir ? De plus, les lombricomposteurs (ceux du commerce) sont construits pour les inciter à circuler entre les étages, pas à l’extérieur !

Pour plus de questions de ce type, direction la page dédiée : vers et lombrics de compost.

Bien choisir son lombricomposteur : achat ou fait maison ?

C’est sans doute le premier réflexe que vous aurez si vous êtes adepte du zéro déchet : pourquoi acheter un lombricomposteur alors que c’est assez facile à fabriquer ?

En réalité, les lombricomposteurs du commerce présente quelques avantages :

  • Une hauteur des étages optimisée pour faciliter le voyage des vers entre les plateaux
  • Des mécanismes anti-noyade
  • Un terreau de démarrage fourni avec
  • Une notice

Ils sont donc plus adaptés pour les débutants.

En outre, si vous êtes sensible à l’esthétique, vous trouverez probablement plus votre bonheur dans un lombricomposteur du commerce que dans une solution bricolée à la main… À moins que les barquettes plastique de récupération soient votre trip esthétique ! Dans un jardin, c’est moins important, vous pouvez fabriquer votre lombricomposteur et le planquer dans un coin.

Les critères de choix d’un composteur

  • Le volume : de lui dépendra la quantité de déchets que vous pourrez donner à vos vers, et la quantité de terreau que vous récupérerez. Les fabricants indiquent le volume en nombre de personnes (ce lombricomposteur compostera les déchets d’une famille de x personnes). Évidemment, si vous êtes végétarien, végétalien ou vegan, vous produirez davantage de déchets végétaux que si vous êtes adepte de la livraison de malbouffe par coursier.
  • La modularité : certains lombricomposteurs permettent d’ajouter des étages. Cela permet de s’adapter à une taille de foyer plus grande, en permettant de faire tourner plus rapidement les plateaux tout en laissant le temps aux lombrics de les digérer.
  • Les accessoires : robinet pour récupérer le thé, système anti-chute des vers, poignées, roulettes…
  • Le côté esthétique : là, c’est à chacun de voir. Coloris, forme. Certaines marques proposent plusieurs coloris. Ils sont tous dans les tons foncés gris/vers afin de stocker la chaleur.
  • Le matériau : plastique, bois…

Pour choisir, allez voir mon comparatif de lombricomposteurs.

Pour aller plus loin…

J’espère vous avoir éclairé avec cette page. Pour la suite, vous pouvez :

Crédits photo : Image d’entête  : Collin Andersonn – « Compost » sur Flick – Attribution 2.0 Generic (CC BY 2.0) – On constate que le compost de la photo ne serait pas adapté aux lombrics à cause de l’oignon – Corps du texte : composteur horizontal parManfred Antranias Zimmerde Pixabay

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