Ecosia, Lilo, Ecogine… : que valent ces moteurs de recherche écolo, solidaires ou respectueux de la vie privée ? Vrai au faux ?

Toile d'araignée

Chaque jour, des millions de personnes se connectent pour faire leurs petites recherches Google, contribuant au réchauffement climatique. Eh oui, les serveurs, ça consomme !

Selon cet article de Planetoscope, chaque recherche sur Google produit 7g de CO2. On estime à 1200 milliards le nombre de requêtes traitées par Google chaque an… soit 8,4MT (millions de tonnes) de CO2 produits par an !

Néanmoins, d’autres moteurs de recherches, comme Ecosia, Lilo ou Ecogine permettent de rechercher autrement et de participer à des projets de protection de la nature. D’une certaine manière, Qwant permet aussi de faire ses recherches autrement.

Comment ils fonctionnent, à quoi ils servent, quelles causes ils soutiennent ?

Table des matières

  • Ecosia : les résultats de Bing tout en reboisant le Sahel
  • Lilo : un métamoteur qui finance des projets solidaires
  • Ecogine : une surcouche de Google au profit d’assos écolo françaises
  • Qwant : le moteur français qui respecte la vie privée

Ecosia : le moteur de recherche qui reboise le Sahel

Qui est Ecosia ?

Ecosia est un moteur de recherche initié par une association allemande en 2009. Il vient de fêter ses 10 ans et revendique près de 3 millions d’utilisateurs mensuels.

Ecosia a reçu en 2011  le prix de l’innovation TIC (technologie de l’information et de la communication) et le prix spécial « TIC écologique » du ministère allemand de l’économie et des technologies (eh oui, l’Allemagne mêle les deux 🙂 ).

D’où proviennent les résultats d’Ecosia ?

Lorsque vous faites une requête sur Ecosia, les résultats sont fournis par Bing. Ce n’est pas un moteur à proprement parler, plutôt une carrosserie : Ecosia utilise donc les ressources de Bing.

Ecosia se distingue par le fait qu’il ne conserve aucune donnée personnelle : aucun traçage de vos recherches, aucun archivage de vos recherches, aucune personnalisation des résultats selon vos cookies ou vos précédentes visites. Votre vie privée est préservée.

Comment Ecosia gagne-t-il de l’argent ?

En utilisant Ecosia pour faire vos recherches, verrez apparaître sur la page de résultats de recherche des annonces, identifiées comme telles et situées à droite et en haut des résultats de recherche.

Tout comme Google, Ecosia est rémunéré au clic. Chaque clic entraîne un transfert de fonds de l’annonceur vers Ecosia.

Les utilisateurs cliquent plus ou moins fréquemment sur ces annonces, certains sont plus rémunératrices que d’autres (tout ce qui est lié à l’argent, l’immobilier, l’automobile… sera forcément plus rémunérateur que la frugalité et l’écologie…)

Le moteur estime que chaque requête (clic ou pas) lui rapporte en moyenne un demi-centime d’euro.

Il encaisse ainsi jusqu’à 80 000 dollars par mois.

Quels projets finance Ecosia ?

L’objectif d’Ecosia est de lutter contre la sécheresse, notamment au Sahel. C’est ce qui transparaît dans son programme dénommé « Greening the desert ».

Pour ce faire, l’association se concentre sur la plantation d’arbres.

Pourquoi les arbres et pas d’autres projets ?

Les arbres, c’est bon pour l’environnement : ils absorbent le CO2, limitent l’érosion, fournissent des abris et hébergent des écosystèmes… Mais ce n’est pas tout !

Ecosia veille à maximiser les externalités positives des plantations d’arbres. Dit autrement, les populations locales en profitent :

  • en récolant et en sélectionnant les graines
  • en plantant les arbres
  • en récoltant les fruits sur les marchés

Bref, planter un arbre, c’est donner un emploi, de la nourriture,et au final permettre une amélioration du niveau de vie local (ce qui permet in fine, d’envoyer les enfants à l’école ou de pouvoir se soigner). Bref, derrière l’arbre, il y a une forêt 🙂

Où va l’argent d’Ecosia ?

Les gains sont partagés comme suit :

  • 80% des fonds collectés sont investis dans un projet de reboisement dans des pays comme le Burkina Faso, Madagascar, le Pérou et l’Indonésie.
  • 20% sont utilisés pour contrebalancer les émissions de carbone d’Ecosia, grâce à un programme nommé My Climate (https://www.myclimate.org)

Les rapports d’activités et les reçus des dons sont publics, et publiés régulièrement sur le site.

Combien d’arbres peut-on planter avec Ecosia ?

Combien de recherches faites-vous par jour ? 10 ? 20 ? Combien de jours par an ?
Imaginons que vous faites 10 recherches (ça va vite) et que vous surfez 300 jours par an.
Vos 3000 recherches web rapportent donc 1500 centimes à Ecosia, soit 15 euros. Un arbre coûte 22 centimes à planter.

En changeant vos habitudes de recherche, vous pouvez donc planter 68 arbres par an. Soyons conservateur, disons plutôt 1 par semaine.

C’est génial non ? Et tout ça en retirant un peu de pouvoir à Google, mais sans changer radicalement vos habitudes (je ne vous demande pas de prendre des douches froides ni de devenir vegan, hein…)

De 2010 à ce jour, Ecosia a déjà financé la plantation de plus de 4 millions d’arbres. L’objectif est bien plus ambitieux : atteindre 1 milliard d’arbres d’ici à l’horizon 2020. Et pour planter des arbres sur toute la planète, Ecosia a besoin de vos recherches !

Le cas des bloqueurs de pub

Alors vous utilisez peut-être Adblock Plus, uBlock ou d’autres extensions qui bloquent les pubs pour préserver votre environnement visuel, surfer plus vite et économiser de la bande passante.

En fait, même si vous utilisez un bloqueur de publicités ou si vous ne cliquez pas sur les publicités, vous contribuez quand même à Ecosia en augmentant le nombre d’utilisateurs d’Ecosia. Cela n’a pas d’effet direct sur les annonces que vous ne voyez pas, mais cela augmente la notoriété et donc la possibilité d’amener des utilisateurs qui verront les pubs.

Pas encore convaincu ?

Prenez un peu de temps pour regarder leur vidéo de présentation.

https://www.youtube.com/watch?v=IW3y1ShxmNM

Essayez Ecosia dès aujourd’hui !

Lilo, un moteur de recherche écolo made in France

Qui est Lilo ?

Lilo est un moteur de recherche écologique lancé en 2014 qui finance des projets ayant trait à la préservation de l’environnement. Ici, c’est une équipe française qui est à la manœuvre, qui mêle expérience en ingénierie et en entrepreneuriat social.

Il compte près de 13 000 utilisateurs à ce jour.

D’où proviennent les résultats de Lilo ?

D’où viennent les résultats de Lilo ? Lilo est en réalité un metamoteur : il agrège les résultats de Google, Yahoo et Bing pour créer ses propres résultats.

Comment Lilo gagne-t-il de l’argent ?

Les régies publicitaires proviennent principalement de Google, Bing et Yahoo; mais vous pouvez recevoir aussi des publicités venant des annonceurs en direct de Lilo.
Les fondateurs de Lilo considèrent que les recherches rapportent 30 euros par an et par utilisateur au moteur de recherche. Ils essayent de capter cette manne pour la réinvestir dans des projets solidaires.

Quels projets finance Lilo ?

En utilisant ce méta moteur, vous gagnez une goutte d’eau pour chaque recherche effectuée. Il s’agit en fait de points qui seront convertis par la suite en argent pour un projet écolo sélectionné sur le site par une équipe spécialisée. Lilo investit 50 % des fonds dans des projets écologiques, 30 % pour soutenir le fonctionnement du moteur de recherche et les 20 % pour la communication.

Le site annonce d’ailleurs que les utilisateurs pourront bientôt choisir le projet qu’ils veulent financer. Vous pourrez même soumettre un projet au vote des utilisateurs, évidemment, en ligne avec l’idéologie Lilo…

Pour le moment, la sélection se fait de façon hebdomadaire. En un mois, Lilo peut donc financer quatre nouveaux projets qu’il juge pertinents.

La protection des données personnels : Lilo bien meilleur que Google

Les résultats de Lilo ne sont pas conservés. Vous pouvez donc y faire n’importe quelle recherche en étant sûr que votre identité est bien protégée et que les résultats ne seront pas utilisés pour les affreuses pubs de retargeting 🙂

Certes, Lilo n’est pas Tor, bien sûr, mais c’est beaucoup moins intrusif que Google.

Pour finir, je vous propose une interview de Clément Le Bras, co-fondateur de Lilo.

Essayez Lilo dès aujourd’hui !

En analysant les stats de trafic du site, je viens de découvrir Ecogine, qui a un fonctionnement similaire.
Eh oui, l’avantage d’avoir un site axé sur l’écologie et la frugalité, c’est que les visiteurs nous informent – malgré eux – de l’existence de tels sites 🙂

Ecogine, les résultats de Google, le financement d’assos françaises

Ecogine est un moteur fonctionnant sur le même schéma que les précédents : il utilise les résultats de Google et la publicité pour se financer.

Les fonds, après compensation des frais de fonctionnement du moteur, sont redirigés à une association partenaire, choisie par un vote des utilisateurs. Le vote a lieu deux fois par an, selon les sommes à allouer.

En 2017, les trois associations suivantes ont bénéficié d’un total de 3000 € :
Association de Protection des Animaux Sauvages (ASPAS)
Centre de soins pour les oiseaux sauvages du Tarn
Kokopelli

En outre, Ecogine compense ses propres émissions de gaz à effets de serre ainsi que celles des utilisateurs effectuant les recherches.

Voici un schéma du fonctionnement (issu de leur Foire aux Questions)

Schéma de fonctionnement du moteur de recherche Ecogine

Enfin, Ecogine, c’est aussi la mise en valeur de photographes sur la page d’accueil du site.

C’est donc une action sur 3 plans à la fois (compensation, dons à des assos, photo).

Essayez Ecogine dès aujourd’hui !

Qwant, le respect de la vie privée avant tout

Qui est Qwant ?

Qwant est un moteur de recherche français, co-financé par la Caisse des Dépôts. Son argument principal est la protection de la vie privée : il ne collecte aucune information personnelle.

Le moteur de rémunère par la présence de liens d’affiliation dans sa catégorie « Shopping ».

Qwant est-il un moteur de recherche écolo ?

Qwant n’est pas à proprement parler un moteur à vocation écologique comme peuvent l’être Lilo ou Ecosia. Néanmoins, son souci de préserver la vie privée des utilisateurs peut s’apparenter à un comportement écologique. Ne pas collecter de données personnelles, c’est économiser des serveurs et de la puissance de calcul. C’est aussi préserver l’environnement visuel des utilisateurs.

Le concours Qwanturak : pas vraiment écolo…

En 2019, Qwant a lancé un concours de référencement (concours SEO) qui récompensera le site positionné en tête des résultats de recherche Qwant sur le terme « Qwanturank » (à prononcer « Quand tu rankes », c’est à dire « Quand tu te positionnes en tête » en langage SEO) en juin 2020.

Ce type de concours est en général assez polluant pour le web : pour se placer en tête du classement Qwanturank, les participants tentent d’acquérir de nombreux liens entrants vers leurs sites, spamment les commentaires de blogs avec des Qwanturanks, rédigent des articles sans queue ni tête truffés de mots-clés et de Qwanturank, créent des faux profils de réseaux sociaux, des comparatifs de Qwanturanks, etc. Bref, polluent le web pour rien.

… mais un mal pour un bien

Toutefois, ce concours est pour Qwant est une expérience grandeur nature qui lui permet (entre autres) d’affiner son filtre à spam et donc, à terme, de pénaliser les comportements trop agressifs. En ce sens, le but est plutôt vertueux. Le concours a aussi, évidemment, aussi un objectif publicitaire, Qwant pâtissant d’un déficit de notoriété en dehors des administrations pour qui il est souvent un paramétrage par défaut.

Enfin, on notera que, avec Qwaturank, Qwant a pris soin de créer un terme de toutes pièces. Il s’inscrit ainsi dans la coutume SEO (je me souviens de précédents concours sur « mangeur de cigogne », « sentimancho »…).

Inventer un mot est un comportement plus vertueux que d’utiliser un mot du langage commun : l’organisateur d’un précédent concours avait choisi le terme « Smartphone pliable », polluant les résultats présentés aux personnes se renseignant sur le sujet… tout en augmentant la difficulté du challenge pour les participants !

Le concours Qwanturank, sans être un modèle d’écologie, n’est donc pas entièrement à blâmer.

Essayez Qwant dès aujourd’hui !

En conclusion…

Ecosia, Lilo et Ecogine sont des moteurs de recherche écologiques et solidaires qui vous permettent de contribuer à la préservation de la nature sans (trop) changer vos habitudes.

La recherche devient une matière première que s’arrachent les moteurs. Alors, plutôt que de donner vos recherches à Google qui les monétisera pour les ajouter à son magot, donnez-les pour l’écologie !

Ce n’est qu’en utilisant ces moteurs pour vos recherches (si possible sans bloqueur de pub) que vous pouvez contribuer à la réussite de cette mission, pensez-y pour les prochaines fois (ou essayez au moins au travail).

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Un Commentaire

  1. En 2020, Ecogine le moteur de recherche écologique, donnera 10 000€ aux 5 associations environnementales qui obtiendront le plus de suffrages lors du vote des internautes utilisateurs du moteur de recherche ecogine.org à l’automne 2020.
    Alors vite, inscrivez votre association favorite sur la page contact d’ecogine.

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